[résolutions du petit matin quand on arrive d’un pas résolu à l’atelier]
Promis, je lirai mes mails une fois en début de matinée et une fois en début d’après-midi. Je vais couper les notifications sur mon téléphone et ma tablette. Les réseaux sociaux, seulement à midi et avant de partir ce soir pour récupérer la plus forte audience. Avant que Louis et Lucas n’arrivent, je leur liste les bricoles à faire obligatoirement dans la journée et ajoute des items dans la colonne quand-on-aura-le-temps.
Et entre tout ça : produire une commande, prendre une photo, éditer la facture et prévenir le client, mettre à jour notre logiciel de suivi des commandes, recommencer.
Une tâche à la fois.
Et dans ce monde idéal, les journées se passent sans accrocs, tout sort à un bon rythme de l’atelier. On respecte les délais annoncés.
Nous repartons chaque soir, insouciants et sereins, fiers du devoir accompli, confiants dans le lendemain qui ne sera qu’une succession de réussites.
[réalité exagérée 5 minutes après avoir franchi la porte de l’atelier - perles réellement entendues]
Premier appel
“Je n’ai pas reçu le devis que je vous ai demandé hier en fin de journée, c’est urgent car je dois le faire valider par mes dirigeants. Vous pensez que la commande pourra être prête début de semaine prochaine ? Et vous pensez que nous pourrions avoir une remise si on vous cite parmi les partenaires ?”
(voix off : sachant que ton événement est prévu depuis 6 mois, on va faire en sorte de préparer la commande en un délai record pour un prix ridicule)
Mail d’un fournisseur
“Nous avons bloqué votre commande passée avant-hier car vous n’avez pas payé votre dernière échéance.”
“Vous avez débité le chèque il y a 10 jours !”
“Vous pourriez nous en fournir la preuve ?”
“La voici.”
“Je fais débloquer votre commande.”
(voix off : ça prend du temps de présenter des excuses quand on en fait perdre aux autres)
Bon allez, j’attaque ma pile de 60 sweats avec transferts coeur et dos. Tout est prêt, Lucas a tout préparé hier. La machine impose la cadence (15 secondes par face). Avec le rangement, je finis dans 45 minutes et j’enchaîne sur les mugs jusqu’à midi. Le dixième se termine, tout beau tout chaud.
Texto
“Je viens de t’envoyer un mail, tu peux y répondre.”
(voix off : pense au deuxième texto pour demander si j’ai bien reçu ton premier texto)
Lucas
“Le client-qu-on-ne-nommera-pas demande de lui refaire le devis avec 13 tee shirts au lieu de 14, il le validera une fois qu’il l’aura reçu.”
(voix off : bien sûr qu’on va le refaire car une multiplication du coût unitaire par le nombre d’unités souhaitées est une opération mathématique tellement complexe)
J’intercale rapidement le 11e, 12e et 13e sweat.
Louis
“Le client qui-me-tient-la-jambe-dans-l-entrée ne comprend pas pourquoi on lui a facturé des frais de vectorisation pour son logo.”
(voix off : parce qu’il a apporté une feuille à en-tête avec un logo qui mesurait 2 cm sur 3 et que j’ai dû l’agrandir en 20 par 30 cm)
Coup de folie : une grande série de 14 sweats d’un coup et…
Le transporteur
“Les cartons, je vous les pose devant la porte ou je les rentre ?”
(voix off : vu qu’il pleut, c’est mieux qu’il soit dehors pour laver les habits qu’ils contiennent)
Du coup, regardons un peu ce qu’on là dedans. Ah super, on va pouvoir s’en occuper cet après-midi ! Lucas, tu me prépares les flex pour le festival de danse bulgare, on a tout reçu.
Alain
“J’ai eu le président du Balai Aquatique. Il voudrait sa facture avant midi car après il s’en va et ne pourra pas nous payer avant le mois prochain”
(voix off : ça aurait plus simple de payer en venant chercher le carton)
Bon j’arrive… Dites voir les gars ! Il faudrait m’appeler ce client-si-pressé qui n’est pas venu chercher ses 150 tee shirts qu’il lui fallait absolument pour l’avant-veille d’il y a 2 semaines. Ah tiens bonjour mesdames ! Vous expliquer comment on fait pour les mugs parce que vous voudriez en faire pour vos petits-enfants ? Ah le grand est fan de foot et la vôtre adore les chevaux ? Louis, tu peux venir t’occuper de ces dames. Excusez-moi, j’ai mes machines qui tournent.
Du 28e au 35e sweat.
Alain
“Thibaud, tu n’as pas envoyé la facture et il y a l’imprimante qui déconne”
(voix off : c’est encore la faute de Louis ça !)
Je ferai ça dans 20 minutes, laissez-moi juste finir ça. 35, 36, 37, 38, 3… Ah ben non !
Client A au téléphone : “Je vais vous envoyer une pièce jointe, vous pouvez me dire si vous la recevez. Attendez ! C’est bon, c’est parti ! C’est bon pour vous ?”
Client B sur Facebook : “Au club, on cherche des sponsor, ça vous intéresse ?” (faute d’orthographe incluse et club ne figurant pas parmi nos clients)
Client C par texto : “Il faudrait ajouter un tee shirt S avec le prénom Sylvie et pour Marie, pas de coupe femme, une coupe homme.”
Représentant dans l’entrée : “Je passais par là et je voulais vous poser un catalogue. Je peux vous le montrer en 5 minutes ?”
Transporteur : “Je dois livrer des pneus à votre voisin, j’ai vu avec lui et je vous les laisse dans l’entrée pour pas que ça vous gêne”
Client D au téléphone : “La maquette plaît à tout le monde, il faudrait juste modifier quelques détails. Peut-être qu’on peut faire ça rapidement et vous m’envoyez ça dans la foulée pour qu’on valide” (45 minutes plus tard, les petits détails plaisent enfin)
Dis voir Thibaud, on va peut-être manger. Il se fait faim !
C’est vrai. 12h30 : il ne reste qu’une vingtaine de sweats à faire.
Promis, je rendrai vite hommage aux lascars qui composent Ogma avec moi et à la majorité des clients qui nous permettent de passer des journées incroyables.
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